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~~ Au fil du Verre d'Eau ~~
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18 juillet 2009

« Mes amis, je les compte sur les doigts de l'humain.» (Philippe Geluck)

- L'amitié ne dépend pas de l'humain, mais du coeur.
- Dans l'amitié, il ne doit pas y avoir de rapports de force.
- L'amitié, c'est être éveillé quelle que soit l'heure.
- Les pires ennemis peuvent devenir les meilleurs amis et vice versa.
- L'estime et le respect doivent se mériter, alors naîtra sans doutes une amitié.
- L'amitié est un « miracle » de compréhension entre deux esprits.
- A notre époque, le temps et l'espace sont dilués, l'humanité ne peut s'exprimer.
- Confiance et non jugement, partage d'une sensibilité commune.
- L'amitié offre des instants magiques d'entente réciproque.    

 Commentaires

 Question :   Le non jugement est-il compatible  avec la désapprobation ?
patricia -20-07-2009

 Amitié
L'homme-Dieu, Luc Ferry, page 118 
Eros 
C'est Platon, sans doute, qui nous dit l'essentiel. Freud ne fera que répéter, vingt-trois siècles plus tard: le désir sexuel exalté dans la passion amoureuse, est manque. Il en appelle à la consommation de l'autre. Une fois satisfait, il s'abîme dans un néant repu, jusqu'à ce qu'il renaisse et recommence sans autre fin ultime que la mort. 
Le mot allemand qu'utilise Freud pour désigner Eros renferme en lui cette contradiction, qui est celle de toute vie biologique: Lust , tout à la fois désir et plaisir, manque et satisfaction parce qu'ils ne sauraient exister l'un sans l'autre. Toute excitation tend à sa propre suppression et c'est pourquoi Eros s'abîme toujours en Thanatos. 
Philia 
que l'ont traduit par amitié, il faut plutôt se tourner vers Aristote. Il lui a consacré les plus belles pages de son Ethique à Nicomaque: à l'inverse d'Eros, Philia ne vit pas dans le manque et la consommation, mais au contraire dans cette joie, précieuse et singulière, qui naît de la simple présence, de la seule existence de l'être aimé. 
C'est de cette Philia que les historiens nous apprennent combien elle manquait dans la famille traditionnelle au point de constituer, du moins dans le cadre de la civilisation européenne, une véritable révolution lors de son avènement autour du XVIIIième siècle. 
Pour André Comte-Sponville, Philia a une extension plus restreinte que le mot français "amour" (qui peut aussi valoir pour un objet, un animal ou un dieu), mais plus large que le mot "amitié" (qui ne se dit guère, par exemple, entre enfants et parents). Philia est l'amour-action, qu'on opposera à Eros, l'amour-passion, même si rien n'interdit qu'ils puissent converger ou aller de pair. 
Agapè 
Absente de l'antiquité grecque, elle fait son apparition dans les évangiles pour désigner cet amour que le Christ nous recommande d'étendre jusqu'à ceux qui nous sont indifférents, voire à nos ennemis eux-mêmes. 
Un amour, qui ne se nourrit pas du manque de l'autre (Eros) ni davantage ne se réjouit de sa présence (Philia), mais à peine envisageable par les hommes, trouve son modèle dans le calvaire du Christ: amour désintéressé, gratuit, sans justification même, puisque c'est peu de dire qu'il continue d'agir hors de toute réciprocité. 
L'une des rares images que nous puissions nous en faire est sans doute celle-ci: l'amour d'une mère ou d'un père pour un(e) mauvais(e) fils (fille) qu'elle (il) n'en continue pas moins de chérir. 
Ou encore cette autre, plus rare encore, qu'évoque Simone Weil: ne pas occuper toujours tout l'espace disponible, "laisser être" ceux que l'on aime. Pour parodier une phrase de Sartre, on pourrait dire du Dieu de Simone Weil qu'il s'est fait "manque d'être afin qu'il y ait être": lui qui est infini et parfait, renonce à sa puissance absolue pour que le monde et les hommes puissent exister. C'est dans le contexte de cette théorie de la création qu'il faut compren-dre l'idée, si chère à Simone Weil, d'un "Dieu faible". 
C'est le contraire de ce que Sartre appelait "le gros plein d'être", en quoi il voyait une définition possible du salaud. Si on accepte cette définition, qui en vaut une autre, il faut dire que la charité, pour autant que nous en soyons capables, serait le contraire de cette saloperie d'être soi. Ce serait comme une renonciation à la plénitude de l'ego, à la puissance, au pouvoir.
Stéphane -20-07-2009

 L'amitié et sa "splendeur"
Participant,e:   - L'amitié ne dépend pas de l'humain, mais du coeur.
Georges :        Les coeurs sans tête sur leurs épaules...drôle d'amitié !
Si nous avons bien expérimenté les caprices de l'amitié, nous pouvons devenir des étrangers à elle même, pour mieux la voir dans toute sa "splendeur"...
Pierre Desproges:   La caractéristique principale d'un ami est sa capacité à vous décevoir.
Platon:                    L'ami n'aime pas l'ami, mais l'objet de son amitié.
Georges :        Si les grands objets/idoles de l'amitié sont l'argent et le sexe.., comment s'élever à un concept meilleur ?  (voir la foule des synonymes/antonymes !)
Georges -21-07-2009

 Réponse
Bien sûr que c'est compatible, la possibilité de désaccord et de discussion fait même partie intégrante de l'amitié.   Cf  le texte ci-après, de Hannah Arendt : 
Lorsque, par exemple, nous lisons chez Aristote que la philia, l’amitié entre citoyens, est l’une des conditions fondamentales du bien-être commun, nous avons tendance à croire qu’il parle seulement de l’absence de factions et de guerre civile au sein de la cité. Mais pour les Grecs, l’essence de l’amitié consistait dans le discours. Ils soutenaient que seul un “parler-ensemble” constant unissait les citoyens en une polis. Avec le dialogue se manifeste l’importance politique de l’amitié, et de son humanité propre. Le dialogue (à la différence des conversations intimes où les âmes individuelles parlent d’elles-mêmes), si imprégné qu’il puisse être du plaisir pris à la présence de l’ami, se soucie du monde commun, qui reste “inhumain” en un sens très littéral, tant que des hommes n’en débattent pas constamment. Car le monde n’est pas humain pour avoir été fait par des hommes, et il ne devient pas humain parce que la voix humaine y résonne, mais seulement lorsqu’il est devenu objet de dialogue. Quelque intensément que les choses du monde nous affectent, quelque profondément qu’elles puissent nous émouvoir et nous stimuler, elles ne deviennent humaines pour nous qu’au moment où nous pouvons en débattre avec nos semblables.
Patricia -23-07-2009

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